AILEEN WUORNOS

Aux États Unis, la prostitution est illégale depuis la création de la loi sur la peine capitale. Considéré comme « le plus vieux métier du monde », la prostitution et sa pénalisation est un débat houleux aux quatre coins du globe.

 

 

 

Aux États-Unis, les politiques pour ou contre sont appliquées pour contrôler la prostitution. À l’échelon fédéral, le gouvernement américain a promulgué des lois pour interdire toute personne de se livrer à la prostitution, ou de solliciter des services. Il est également interdit de transporter des personnes d’un État à des fins de prostitution

 

Le gouvernement fédéral sanctionne la prostitution dans certains cas, mais la plupart des lois régissant la prostitution relèvent de la compétence des États.

 

 

 

On peut noter que le Névada légalise la prostitution, tout en la restreignant aux lois pénales et arrêtées municipaux. Pour faire cours, la prostitution n’est autorisée que dans les bordels ayant un permis, le reste est illégal.

 

À l’opposé, la Californie est en lutte totale contre la prostitution, interdisant l’accès de certains lieux à des personnes ayant été inculpée pour prostitution. Il est interdit de racoler ou « tapiner » dans la rue et l’on peut aussi se faire accuser de prostitution en cas où l’un de nos tests au dépistage du VIH se révélait positif.

 

 

 

C’est dans ce cadre qu’une sanglante affaire criminelle fit débat sur les droits des prostitués et sur leur vulnérabilité. Aileen Wuornos, considérée comme la première serial-killeuse lesbienne et surnommée « La Demoiselle de la Mort » fit au centre de cette affaire, après avoir commis au moins sept meurtres.

 

Aileen Wuornos - Biographie - Serial Killer

Chapitre 1 : Certains l’aiment chaude.

 

Aileen Wuornos - Biographie - Serial Killer

1956 est l’année qui marque la très célèbre crise de Suez, où la France dû se rationner en essence pour subvenir à ses besoins, ainsi que la naissance du célèbre acteur Tom Hanks le 9 juillet et le décès par suicide du peintre expressionniste Jackson Pollock. On peut aussi noter le développement du célèbre mouvement artistique et intellectuel Dada avec Marcel Duchamps et l’apparition d’une célèbre compétition musicale, qui eu sa première édition en Suisse, l’Eurovision. C’est aussi l’année qui marqua la naissance d’une petite fille dans le comté d’Oakland, à Rochester dans  le Michigan.

 

 

 

Aileen Carol Wuornos est née le 29 février 1956 à Rochester sous le nom de Susanne Carole Pittman. Elle est née de Diane Pratt et de Léo Dale Pittman, qui se sont mariés le 3 juin 1954, quand Diane n’avait encore que 15 ans.

 

 

 

Deux mois avant la naissance d’Aileen, Leo divorça, abandonnant sa femme et sa future fille, ainsi que son fils Keith, âgé tout juste d’un an. Le père était connu de la police pour se nombreux aller-retour en prisons, pour pédophilie, vol à main armée et viol. Arrêté une énième fois pour viol et tentative de meurtre sur une enfant de 8 ans, il fut incarcéré et fut assassiné par son codétenu en 1969, étranglé.

 

 

 

Aileen ne rencontrera jamais son père, emprisonné à sa naissance et fut abandonnée par sa mère Diane en janvier 1960, pour la seconde fois et définitivement. Alors qu’elle n’avait pas encore trois ans, elle dut dire adieu à ses parents et, le 18 mars 1960, Aileen et Keith furent légalement adoptés par leurs grands-parents finlandais Lauri et Britta Wuornos à Troy dans le Michigan.

 

Le grand-père était lui aussi quelqu’un de violent, alcoolique et qui battait ses enfants et ses petits-enfants avec un ceinture en cuir. Il leur reprochait souvent d’avoir existé et centrait ses accusations sur Aileen, la traitant de bonne à rien faire, d’inutile, etc... Sa grand-mère était tout aussi portée sur la bouteille, ne disait jamais rien à son mari et n’était pas du tout affectueuse envers sa famille.

 

Aileen Wuornos - Biographie - Serial Killer

Alors que son enfance était déjà bien triste et sombre, elle mit par accident le feu à son propre visage. Après avoir mis le feu à de l’essence et de l’huile mélangée, les flammes lui brûlèrent le visage, lui laissant quelques cicatrices peu apparentes, mais elle dira avoir été traumatisée par cet incident. Malgré cela, elle et son frère continuèrent leur carrière de pyromane en brûlant des champs, elle mit le feu toute seule à son école, à partir d’un papier hygiénique. Déjà mauvaise élève indisciplinée, sa situation s’aggrava avec cet incident. En plus de cela, leurs grands-parents apprirent à Ailenne et Keith leurs origines, notamment du triste sort de leurs parents qu’ils n’ont jamais connu. Bouleversé par leur histoire, tout deux se rebellèrent contre leur grand-père, qu’il jugeait bien trop dur, devenant incorrigibles et indisciplinés avec leurs grands-parents et leur entourage en général.

 

Plus ils grandissaient, plus leur comportement évolua dans le négatif. Ils faisaient de plus en plus de fugues, n’avaient pas beaucoup d’amis, s’isolaient et se battaient très souvent. Un médecin ajouta même quand Aileen atteint l’adolescence qu’elle devait absolument recevoir de l’aide, que c’était vital pour son bien-être. Son enfance eue un résultat catastrophique pour l’évolution d’Aileen. Refusant toute aide, elle se mit à boire et à prendre de la drogue, notamment du LSD et à commettre des petits délits, seule ou avec son frère.

 

Chapitre 2 : Requiem for a dream.

 

Commençant tout juste dans le domaine du sexe, elle débuta ses relations sexuelles dès l’adolescence, avec d’autres jeunes hommes, dont son propre frère. Elle tomba même enceinte à 14 ans ce que, selon elle, résultait d’un viol par un inconnu, mais cela ne fut jamais démontré. Ses grands-parents la chassèrent de la maison pendant sa grossesse, malgré le fait qu’elle disait avoir été violée. Elle se retrouva dans un pension pour mères célibataires à Detroit. Elle donna donc naissance à son premier enfant le 24 mars 1971, un garçon, qui sera aussitôt mis en famille d’accueil puis adopté.

 

 

Malgré cela, elle continua sa route sur ce sentier, enchaînant les conquêtes, mauvaises rencontres, trips sous LSD, beuveries. Elle fut mise, elle est son frère sous tutelle à la mort de leur grand-mère Britta, le 7 juillet 1971. Elle décéda d’une cirrhose du foie, dû à l’alcoolisme poussé de Britta, mais Diane, la mère d’Aileen et fille de Britta et Lauri, avouera à sa fille que ce fut son père qui assassina sa femme et non l’alcool. En effet, on retrouva des traces de contusion sur le corps de Britta et ils se seraient disputés au sujet d’Aileen et Keith. Lauri aurait menacé de tuer les deux jeunes s’ils devaient revenir à la maison.

 

Aileen Wuornos - Biographie - Serial Killer

Elle débuta alors sa carrière de prostitué en offrant son corps pour subvenir à ses besoins. Des hommes diront plus tard qu’elle n’avait que 12 ans quand elle commença à utiliser son corps afin d’avoir de l’argent, des cigarettes ou de l’alcool. Dans le quartier, cette réputation lui valut le nom de “cigarette pig”, la “cochonne à la cigarette”, dont les jeunes hommes en rigolaient beaucoup, se moquant d’elle constamment.

 

Après sa grossesse, elle passa quelque temps en détention provisoire avant de rentrer chez elle, là où, après une énième fugue, sera définitivement virée de la maison. Lauri chassa également le frère d’Aileen, qui se réfugia chez des amis. Continuant à survivre avec son job à plein-temps de prostitué, faisant le trottoir, dormant dans les bois et les squats.

 

À la mort de leur grand-mère, ils purent donc revoir leur mère, qui fut sidéré de voir ce qu’était devenu ses deux enfants, des junkies alcooliques et agressifs. Alors que Diane proposa à ses deux enfants de revenir chez elle au Texas, avec la ferme intention de les remettre sur le droit chemin, les deux jeunes refusèrent et disparurent aussitôt dans la nature.

 

 

 

Après des mois de galère ou Aileen aidait son frère comme elle le pouvait avec l’argent de la prostitution, celui-ci décida de s’engager dans l’armée de l’Air, laissant sa sœur toute seule. Le 27 mai 1974, elle fut interpellée et emprisonnée sous le nom de Sandra Kretsch pour conduite en état d’ivresse et après avoir tiré avec son calibre 22 sur une voiture en déplacement.

 

Le 12 mars 1976, son grand-père mourut par suicide, dans la cave de la maison de son fils. Quelques mois plus tard, ce fut au tour de son frère Keith, qui décéda d’un cancer généralisé. Mais, étant à l’armée, Aileen toucha une assurance-vie de 10 000 $, qu’elle dépensa en à peine deux mois.

 

Aileen Wuornos - Biographie - Serial Killer

C’est cette même année qu’elle fit de l’auto-stop jusqu’en Floride. Là-bas, elle rencontra un riche-homme d’affaire, âgé de 69 ans et propriétaire d’un yacht-club prisé, Lewis Gratz Fell. Ils se marièrent la même année et l'annonce de leur union sera même publiée dans les pages du journal local. Cependant, Aileen Wuornos continuait à être régulièrement impliquée dans des altercations au bar local et fut finalement envoyée en prison pour coups et blessures. Elle frappa également Fell avec sa propre canne lorsqu’il refusa de lui donner de l’argent, ce qui le conduisit à demander une injonction à l’encontre de sa propre femme, à la suite de laquelle elle retourna dans le Michigan.

 

 

 

Quelques mois plus tard, le 14 juillet 1976, elle fut arrêtée dans le Comté d’Antrim pour voie de fait et trouble à l'ordre public après avoir provoqué un esclandre dans un bar et après qu'elle a lancé une boule de billard à la tête du barman. Après la résolution de cette affaire, et le décès de son frère Keith, Wuornos et Fell divorcèrent finalement le 21 juillet après seulement neuf semaines de mariage.

 

Aileen Wuornos - Biographie - Serial Killer

Elle enchaîna les délits mineurs et aggravés, des attaques à main armée en 1981 (condamnée à la prison ferme en 1982, mais relâchée un an plus tard), les relations ratées à tout bout de champ, arrêtée de nouveau en 1984 après avoir tenté de déposer des chèques contrefaits dans une banque de Key West. Le 30 novembre 1985, elle est suspectée du vol d'un revolver et de munitions dans le comté de Pasco.

 

Un peu plus tard, en 1986, elle est de nouveau arrêtée pour vol de véhicule, résistance à l'arrestation et obstruction à l'enquête par donation de fausses informations (elle avait donné le nom Lori Grody à la police, qui était en fait le nom de sa tante). La police découvrit également un calibre 38.

 

En plus de cela, elle se fit arrêter de nombreuses fois après avoir menacé des clients masculins avec une arme à feu, ou encore pour des dépassements de vitesse. Encore en 1986, suite à une même affaire de menace, on retrouva une nouvelle arme à feu et une boîte de munition calibre 22 sur le siège passager de la voiture d’Aileen.

 

Chapitre 3 : Thelma et Louise.

 

Après de multiples arrestations et enquêtes au sujet d’Aileen, elle fit la rencontre d’une jeune femme, Tyria Moore, une femme de ménage d’un hôtel, dans un bar gay de Daytona. Elles n’attendirent pas pour s’installer ensembles, Aileen assurait le quotidien par ses revenus provenant de la prostitution. Le 4 juillet 1987, la police de Daytona arriva chez elles pour les interroger à la suite d'un nouvel incident où elles étaient accusées de coups et blessures avec une bouteille de bière dans un bar.

 

Malgré ce petit délit mineur, la rencontre entre Aileen et Tyria fit plus que des étincelles. Leur rencontre fut le début d’une aventure sanglante où plusieurs personnes perdirent la vie.

 

 

 

Dans un magasin de réparation électronique à Clearwater en Floride, le propriétaire, Richard Mallory, âgé de 51 ans, était réputé pour être un homme à tout faire, mais aussi un ivrogne qui adorait sortir faire la fête avec des filles, employant quelqu’un pour éponger ses retards de commandes après ses sorties pour les virer dès que les commandes avaient repris un cours normal. C’est à cause de cette réputation que sa disparition soudaine n’était pas remarquée. Divorcé 5 fois, personne ne le portait vraiment dans son cœur.

 

Le 1er décembre 1989, un shérif-adjoint du Comté de Volusia découvrit la Cadillac de Mallory, abandonnée dans les bois, dans le comté de Lolusia. Le portefeuille et ses papiers étaient éparpillés dans la voiture, avec des préservatifs et une bouteille de vodka à moitié vide  à côté. On commença enfin à se poser des questions quand le shérif trouva des taches de sang sur le siège conducteur.

 

Une dizaine de jours plus tard, le 13 décembre, deux hommes qui se promenaient autour de l’Interstate 95 au nord de Daytona Beach, découvrirent un cadavre enveloppé dans du tapis. Le cadavre de Mallory. Le corps comportait plusieurs impacts de balle de calibre 22, dont deux au poumon gauche, qui furent considérés comme à l'origine de la mort.

 

Avec un passé comme le sien, on supposa qu’il avait été tué par une strip-teaseuse du nom de « Chastity », mais l’enquête n’alla pas plus loin, on sait juste qu’il avait déjà été inculpé pour une histoire de viol, mais les témoins et suspects manquaient à l’appel et cette affaire fut mise à l’ombre pour un temps.

 

 

 

Le 1er juin 1990, soit un peu plus de six mois plus tard, un corps nu fut découvert dans une forêt, non loin du Comté de Marion en Floride, près de l’autoroute 19. La police trouva une nouvelle fois des préservatifs à côté du corps. On supposa tout d’abord que l’auteur de ce crime était la personne qui avait découvert le corps, Matthew Cocking, de part son comportement insultant envers ceux qui voulait lui poser des questions et sur son port d’armes à feu. Une semaine plus tard, on déclara que le corps était celui de David Spears, 43 ans. C’était un ouvrier du bâtiment de Winter Garden, ainsi que chauffeur d’un poids lourd, vu pour la dernière fois le 19 mai.

 

Aileen Wuornos - Biographie - Serial Killer

Il fut tué de six balles au niveau de la tête et du torse. On détermina la date du décès vers le 20 mai. Sa voiture fut retrouvée dans le Comté de Marion, sur l’Interstate 75, une semaine plus tôt. On vola également sa boîte à outils.

 

5 jours plus tard, le 6 juin, la police découvrit une nouveau corps dans le Comté de Pasco, à côté de l’Interstate 75 Il fut dur pour les légistes de prendre ses empreintes car le corps était un grande décomposition et il ne purent déterminer la date exacte du décès. On enleva 9 balles d’un calibre 32. On détermina que le corps appartenait à Charles Carskaddon, âgé de 40 ans. Carskaddon était un monteur de rodéo à temps partiel originaire de Booneville (dans le Missouri), et qu’il fut tué vers la fin du mois de mai 1990. Sa voiture fut retrouvée le lendemain dans le Comté de Marion. La voiture était vide, preuve que le tueur avait pris tout ce qu’il y avait à l’intérieur.

 

C’est à partir de ce meurtre que les choses commencèrent à changer pour les différentes enquêtes. Tom Muck, enquêteur du Comté de Paca entendit parler des différents meurtres, des hommes blancs, dans la quarantaine, tués par balle, les corps retrouvés dans la nature et les voitures abandonnées plus loin. Tom appela les enquêteurs des différents comtés voisins pour parler de sa théorie qui affirme la liaison entre les différentes enquêtes. Les différents meurtres se sont déroulés à des lieux à proximité des autres meurtres, affirmant cette thèse.

 

 

 

Le 4 juillet 1990, une voiture zigzagua sur State Road 315, dans le Comté de Marion. La voiture termina sa course dans les buissons. Une jeune femme, Rhonda Bailey, vit la scène se dérouler. Il affirma avoir vu deux jeunes femmes quitter la voiture, une blonde et une brune. Après avoir jetées des canettes de bière parterre en s’insultant, la blonde, qui avait une coupure au bras, remonta dans la voiture au pare-brise brisé. Après avoir fait quelques mètres, la voiture s’arrêta une nouvelle fois et les deux jeunes femmes continuèrent à pied.

 

La jeune femme avertis une pompier volontaire de la situation. Celui-ci retrouva les deux jeunes femmes en question sur le bord de la route et leur demanda si elles étaient bien les femmes de la voiture. Celles-ci rouspétèrent que non en l’injuriant et le pompier les laissa tranquille. Les adjoints du shérifs trouvèrent la voiture, tâchée de sang, une empreinte palmaire de Wuornos a été mise en évidence sur la poignée de porte intérieure. La voiture appartenait à Peter Siems, 65 ans. Celui-ci quittait la ville de Jupiter en Floride dans le cadre d’une mission chrétienne pour aider les gens, voyageant vers le New Jersey en juin 1990. Le corps de Peter Siems ne fut jamais retrouvé.

 

John Wisnieski, un policier de Jupiter fit une déclaration publique et releva la description des deux jeunes femmes au bulletin d’Activité Criminelle de Floride.

 

 

 

Troy Burress, âgé de 50 ans, se rendit à son travail de livreur de saucisses à la Gilchrist Sausage, le 30 juillet 1990. On ne le revit pas après sa course. La directrice tenta en vain de l’appeler et découvrit qu’il n’avait pas fini sa course du soir. La femme de Burress appela la police, signalant la disparition de son mari, à 2h du matin. À 4h, on découvrit le camion de livraison de Burress Burress, sur la State Road 19, le camion était ouvert, les clefs sur le tableau de bord.

 

Son cadavre n'a été retrouvé que le 4 août 1990, par une famille qui pique-niquait dans la Ocala National Forest,  dans un secteur boisé en bordure de la route d'État 19 dans le comté de Marion. Il avait reçu deux impacts de balle d’un calibre 22, dans le torse, puis dans le dos. La police retrouva également son portefeuille non loin du corps, avec ses cartes de crédit et son argent en liquide. On suspecta plusieurs personnes, mais rien de concluant. Cependant, cette affaire était similaire aux autres et donc, l’enquête repris de plus belle. On ne retrouvera plus aucun suspect sur ce meurtre. Jusqu’à ce que, après d’autres meurtres, les tueurs furent arrêtés.

 

Aileen Wuornos - Biographie - Serial Killer

Charles « Dick » Humphreys, âgé de 56 ans, ne rentra jamais chez lui après son travail au Département de la Santé et de la Réhabilitation. Humphreys était un commandant en retraite de l’U.S Air Force, ainsi qu’un ancien enquêteur de mauvais traitements aux enfants dans l’État de Floride et un ancien chef de la police. Son corps fut retrouvé le 12 septembre 1990 dans le Comté de Marion, juste deux jours après avoir fêté son 30ème anniversaire de mariage, après quoi on ne le revit plus jamais. Il était entièrement dévêtu et avait reçu six balles de calibre 22 au niveau de la tête, du torse et du poignet. Sa voiture fut retrouvée le 19 septembre dans le Comté de Suwannee.

 

 

 

Le 19 novembre de la même année, soit un mois plus tard après le meurtre de Humpreys, on découvrit le corps nu de Walter Jeno Antonio, 60 ans, près d'une route d'exploitation forestière dans le Comté de Dixie, en Floride. C’était un chauffeur de camion, ainsi qu’un vigile et réserviste de la Police du Comté de Brevard. Il fut tué de quatre balles de calibre 22. Sa voiture fut retrouvée, cinq jours plus tard, dans le comté de Brevard, 300 km plus loin.

 

Chapitre 4 : Monsters.

 

Les similarités entre les meurtres étaient bien trop grandes pour être évitées. Le capitaine Steve Binegar de la division d’enquête criminelle du Shérif de Comté de Marion fut en charge de l’enquête. Réunissant les différents dossiers des comtés voisins, il travailla avec son équipe sur les meurtres.

 

 

Affirmant peu à peu que les tueurs ne pouvaient être que des gens apparemment sans défense, appâtant leurs victimes dans un piège, les soupçons se portèrent sur des femmes. Décrit comme un « type de crime féminin », à la manière des veuves noires, mais beaucoup plus brutales que d’ordinaires, car les veuves noires ont tendance à faire cela dans la discrétion, le choix des enquêteurs se porta donc sur les femmes. Et plus particulièrement sur deux jeunes femmes, dont le profil fut identifié après qu’elles aient détruit la voiture d’une des victimes, Pieter Siems. Selon la police, ce n’étaient pas que des vols qui tournaient mal, mais bien des meurtres prémédités.

 

Aileen Wuornos - Biographie - Serial Killer

Fin novembre 1990, le portrait-robot de deux jeunes femmes fut publié par la police. La police retrouva également des objets personnels des victimes dans des monts-de-piété, ces derniers étaient recouverts d'empreintes digitales correspondant à celles retrouvées dans les voitures des victimes ainsi que dans le rapport de police établi lors de la seconde interpellation de Wuornos de 1976. Elles furent suivies par la police durant plusieurs mois, notamment à Port Orange, non loin de Daytonna. De septembre à décembre, elles furent suivies, même durant leurs escapades sur les routes de la Floride. Sous le nom de Susan Blahovec, Aileen et Tyria prirent possession d’un appartement, qu’elles quitteront peu de temps après pour prendre la route. En même temps, la police réunissait différentes preuves inculpant les deux jeunes femmes dans les meurtres.

 

 

 

Alors que l’étau se resserrait peu à peu sur les deux femmes, Aileen fit le faux pas que la police attendait. Elle fut repérée le 9 janvier 1991 dans un bar mal fréquenté de Harbor Oaks, « The Last Resort » dans le comté de Volusia. Deux enquêteurs entrèrent dans le bar, dans le rôle de dealers, dans le but d’avoir des aveux propres d’Aileen. Mais, au moment où la rencontre allait porter ses fruits, la police arriva, elle aussi dans des rôles de vendeurs de drogue dans le bar et embarqua de force Aileen, avant que les enquêteurs n’aient pu avoir ce qu’ils voulaient. Six juridictions furent réunies autour du bar pour appréhender une tueuse en série. Au dernier moment, les enquêteurs déguisés appelèrent la centrale de police pour empêcher toute bévue. Aileen fut tout de suite relâchée et, ce n’est que plus tard, qu’elle fut arrêtée, toujours sans aveux, pour port d’arme illégal, sans annoncer les meurtres. Rien ne fut encore divulgué à la presse, par manque d’élément et surtout, en l’absence de Tyria Moore.

 

La police localisa enfin Tyria Moore le lendemain, à Scranton en Pennsylvanie. Celle-ci accepta d'obtenir les aveux de Wuornos dans son dos, en échange d'une procédure d'immunité judiciaire complète sur les crimes dans lesquels elle aurait été impliquée, à savoir, la quasi-totalité des meurtres dont on accuse déjà Aileen. La police ramena donc Moore en Floride, où elle fut logée dans un motel de Daytona. Suivant les instructions de la police, Tyria téléphona à Aileen à plusieurs reprises, pour expliquer un mensonge : que sa famille fut interrogée pour les meurtres et que, par amour envers elle, Aileen pourrait admettre les meurtres pour ainsi la disculper.

 

Aileen Wuornos - Biographie - Serial Killer

Trois jours plus tard, le 16 janvier 1991, Wuornos avoua enfin les meurtres, en parlant par un code à Tyria, se créant de faux alibis, sans savoir que la police écoutait la conversation. Mais, au fur et à mesure des conversations, Aileen se douta de quelque chose. Cependant, la police découvrit que le collier qu’Aileen gardait en permanence sur elle, était en fait la clef d’un casier dans un entrepôt loué. Dans celui-ci, on découvrit des objets appartenant aux victimes, dont des objets volés à Spears, la matraque d’Antonio, ou un rasoir électrique appartenant à Mallory. Durant les conversations, Aileen affirma que sa compagne n’avait rien à voir avec ces meurtres et qu’elle refusait que Tyria se sacrifie pour elle.

Plus important encore, elle affirma que, selon elle, ces meurtres étaient de la légitime défense, car les hommes l’auraient agressé, menacé, ou tenté de la violer. Elle disait avoir tué par peur, et non par plaisir. Elle annonça également les différents viols qu’elles avaient subis étant jeunes, et admettait ne jamais vouloir que ça se reproduise, d’où les meurtres.

           

L’avocat commis d’office de Wuornos déclara à sa cliente de se taire, lui faisant se rendre compte qu’elle était avec la police, non des amis ou des clients. Celle-ci lui répondit : « Et ils veulent me pendre. Et c’est bien, parce que peut-être, mec, que je le mérite. Je veux juste qu’on n’en finisse ! ». Elle nia aussi le meurtre de Peter Siems, dont le corps n’avait toujours pas été retrouvé, malgré des preuves irréfutables contre elle.

Elle admettait enfin les meurtres au matin du 16 janvier 1991.          

Chapitre 5 : Seule contre tous.

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Peu de temps après son arrestation et la divulgation en public de l’affaire, des adaptations et droits pour retranscrire cette histoire en livre et cinéma tombèrent sur Aileen et Tyria. Aileen signa donc les droits d’une adaptation pour son histoire au cinéma, film qui sortira en 2003. Elle participera même à un talk-show avec une sorte de prédicatrice biblique qui vit en elle un présage, juste à partir d’une photo. Aileen accepta même la conversation téléphonique.

 

Le 14 janvier 1992 débuta enfin le procès, concernant tout d’abord le meurtre de Richard Mallory.

 

 

 

Bien que des délits antérieurs ne puissent normalement pas être évoqués lors d'un procès criminel, utilisant la jurisprudence dites de « Williams Rules » de l'état de Floride*, l'accusation put néanmoins produire des preuves liées aux autres crimes afin de démontrer que le même mode opératoire avait été suivi pour tous ces meurtres (un homme blanc, seul, dans sa voiture, tué par balle, le corps retrouvé nu, la voiture retrouvée bine plus loin dans un endroit désert). Wuornos a été reconnue coupable du meurtre de Richard Mallory, le 27 janvier 1992 grâce au témoignage à charge de Moore. Celle-ci fut la pièce maîtresse du procès, car elle avoua tout, en échange de sa liberté. Aileen en eu les larmes aux yeux de la voir la trahir ainsi. Douze hommes prirent la suite et parlèrent de leur rencontre avec Wuornos sur la route de Floride.

 

Lors de la sentence, les psychiatres, présentés par la défense, ont déclaré que Wuornos était une instable mentalement, et psychologiquement et qu'ils avaient diagnostiqués des troubles de la personnalité avec des désordres mentaux.

 

Une vidéo d’elle et de son avocat montrait le peu de sensibilité d’Aileen durant le procès et quand elle racontait l’histoire de ses meurtres. Elle dit à son avocat :  « J’ai pris une vie. Je veux abandonner ma vie parce que j’ai tué des gens. Je mérite de mourir. ». L’affirmation d’Aileen sur le fait que c’était de la légitime défense ne fut plus admise durant le procès. Elle affirma aussi des choses invraisemblables set totalement en contradiction à l’encontre de ses aveux faits à Tyria et aux enquêteurs.

 

Le 27 janvier, il ne suffit au jury que deux heures pour déclarer coupable de meurtre au premier degré. Sa réaction face au jugement fut explosive : « Je suis innocente ! J’ai été violée ! J’espère que vous serez violés ! Sacs à merde d’Amérique ! » Elle fut condamnée une première fois à la peine capitale le 31 janvier 1992.

 

Aileen Wuornos - Biographie - Serial Killer

Le 31 mars 1992, Aileen plaida enfin coupable pour les meurtres de Charles Humphreys, Troy Burress et David Spears, déclarant qu'elle souhaitait « être en règle vis-à-vis de Dieu ». Lors de sa déposition devant la Cour, elle déclara, « Je voulais vous expliquer que Richard Mallory m'a bien violée, brutalement, comme je l'avais précédemment déclaré. Mais les autres, ils ont seulement commencé à le faire ». Le 15 mai 1992, le juge Thomas Sawaya la condamna trois fois à la peine capitale.

 

En juin 1992, elle plaida de nouveau coupable pour le meurtre de Charles Carskaddon et fut condamnée à la peine de mort pour la cinquième fois en novembre 1992. La défense tenta durant le procès de prouver que Mallory avait essayé de commettre un viol dans un autre État, et qu'il avait été remis en liberté conditionnelle. C’est durant une entrevue avec une journaliste de la « Dateline NBC » que le passé de Mallory revint sur le devant de la scène. La défense obtint et présenta les rapports démontrant que, de 1958 à 1962, Mallory fut soumis à un traitement thérapeutique et mis sous observation, suite à des présomptions d'agressions dans l'intention de violer. Le juge refusa que ces éléments soient retenus par la Cour comme des preuves et rejeta la requête de Wuornos qui demandait un second procès sur ce sujet.

 

En février 1993, Wuornos plaida ainsi coupable pour le meurtre de Walter Jeno Antonio et fut condamnée, une sixième fois, à la peine capitale. Cependant, elle ne fut pas inculpée du meurtre de Pieter Siems, étant  donné qu’on ne retrouva jamais le corps.

 

Wuornos raconta plusieurs versions incohérentes à propos des meurtres. Elle affirma initialement que les sept hommes l'avaient violée alors qu'elle effectuait son activité de prostituée, puis elle se rétracta sur ses déclarations d'auto-défense. Durant un entretien accordé au documentaliste Nick Broomfield, alors qu'elle pensait que les caméras et micros étaient débranchés, elle déclara à ce dernier qu'il s'agissait bien d'auto-défense et qu'elle ne devrait pas être présente dans le couloir de la mort, depuis deux ans qu’elle y a passé. Broomfield affirma à la fin de son interview : « Aujourd’hui, nous exécutons quelqu’un de fou. Cette personne a complètement perdu l’esprit ».

 

Elle fit une requête auprès de la Cour Suprême de Floride pour se séparer de son conseil juridique et pour arrêter tous les autres appels, en déclarant, « J'ai tué ces hommes, je les ai volés alors qu'ils étaient froids comme la glace. Et je le referais de nouveau. Il n'y a aucune raison de me garder en vie ou quoi que ce soit, car je tuerai encore. J'ai de la haine qui suinte de tous mes pores… j'en ai assez d'entendre cette chose, "elle est folle". J'ai été examinée tellement de fois. Je suis compétente, saine et j'essaie de dire la vérité. Je suis celle qui déteste le plus fortement la vie humaine et je tuerais de nouveau. ». Après plusieurs rencontres avec des psychiatres, ceux-ci dirent tous qu’elle était apte à être exécutée.

 

Le 8 octobre 2002, Broomfield donna une autre entrevue, où Wurnos affirma avoir été abusée par les gardiennes de la prison, qu’elles crachaient ou urinaient dans sa nourriture, qu’on la poussait au suicide, qu’on donnait des coups de pied dans sa porte de cellule, etc... Tout le monde pensa qu’elle était vraiment prise d’hallucination et, car cela ne fut jamais démontré. Elle dit également durant l’interview : « Vous m'avez cassée, toi, la société, les flics et le système. Une femme violée va être exécutée et servir à écrire des livres, à faire des films et de la merde (...) Merci beaucoup, la société, pour expédier mon cul par voie ferrée. »

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Chapitre 6 : Women are heroes.

 

Aileen Wuornos fut exécutée par injection mortelle le 9 octobre 2002, à la prison d’état de Starke, en Floride, dix ans après ses meurtres. Son dernier repas, qu’elle refusa, ne sera qu’une simple tasse de café. Ses dernières paroles furent : “ Je voudrais juste dire que je navigue avec Roc (Jésus) et que je reviendrai comme le jour de l’Indépendance avec Jésus, le 6 juin, comme dans le film, grande maternité et tout ! Je reviendrai, je reviendrai ! ”. Arlene Pralle, la mère adoptive de Aileen ne fut même pas présente le jour de son exécution, absente durant tout le procès.

 

 

 

Après son exécution, Aileen Wuornos fut incinérée, ses cendres rapportées par Dawn Botkins et dispersées sous un arbre. Elle avait demandé que la chanson de Nathalie Merchant, « Carnival » soit jouée lors de ses obsèques.

 

On lui demanda d’ailleurs pourquoi cette chanson passait en bande-son lors de la diffusion du générique de fin du documentaire de Nick Broomfield sur Aileen Wuornos: Life and Death of a Serial Killer, Natalie Merchant commenta : « Quand le réalisateur Nick Broomfield m'a envoyé une cassette de son film, je fus si troublée par le sujet traité que je n'ai même pas osé la regarder. (...) Je n'étais pas d'accord jusqu'à ce que l'on m'ait dit qu'Aileen avait passé tant d'heures à écouter mon album Tigerlily dans le couloir de la mort et qu'elle avait demandé que la chanson "Carnival" soit jouée à ses obsèques que j'ai accordé l'autorisation pour l'utilisation de la chanson dans le film. C'est très étrange de penser aux endroits où va ma musique une fois que je l'ai composée. Si elle a pu lui apporter du réconfort, je dois être reconnaissante. »

 

Broomfield déclara plus tard en réponse à cela : « Je pense que cette colère s'est développée en elle. Et qu'elle subsistait par la prostitution. Je pense qu'elle a fait beaucoup de rencontres terribles sur les routes, je pense que cette colère s'est répandue. Et finalement, elle a éclaté, avec une violence incroyable. C'était sa façon de survivre... Je pense qu'Aileen a vraiment cru qu'elle avait tué pour se défendre. Je pense que quelqu'un qui est profondément psychotique ne peut faire la différence entre quelque chose qui menace réellement sa vie et un désagrément mineur. (...) En même temps, quand elle n'était pas dans ces humeurs extrêmes, il y avait une humanité incroyable en elle. »

 

Aileen Wuornos - Biographie - Serial Killer

« Première serial killer lesbienne » fut la première étiquette donnée par le FBI à Aileen Wuronos après sa mort et la presse populaire américaine, en plus du surnom, la « Demoiselle de la Mort ». Le cas de Wuornos attira beaucoup l'attention de la société sur la situation de vulnérabilité des travailleuses sexuelles, que ce soit dans la rue ou même dans les maisons closes. Entre coups et blessures, insultes, viols, agressions, ou simples insultes, l’affaire de la Demoiselle de Mort suscita beaucoup de débat entre les abolitionnistes et conservateurs.

 

Légitime défense pour certains, meurtres prémédités et de sang-froid pour d’autres, personne ne su réellement le « cause à effet » qui mena Aileen sur la route du crime. Face à des clients violents et l'assassinat de seulement sept hommes sur les milliers de clients qu'elle avait eu, illustrait bien ce fait. Plus généralement, le cas d'Aileen Wuornos soulève le problème des agressions dont sont régulièrement victimes les prostituées, que ce soit dans les pays qui répriment ou acceptent l'existence de la prostitution, comme n'ont pas manqué de le rappeler les différentes associations de travailleuses du sexe pendant son procès.

 

Aileen Wuornos - Biographie - Serial Killer

Dans tous les cas, le personnage d’Aileen Wuornos devint célèbre dans l’Amérique entière, comme étant une de plus célèbre serial-killeuse du monde. Un excellent film retrace son histoire et son aventure criminelle avec Tyria Moore, Monsters. Aileen fut interprétée par Charlize Theron, ce qui lui valut l’oscar de la meilleure actrice en 2004. Et plus récemment, en 2015, la série American Horror Story a fait revivre la célèbre tueuse en série, sous les trait de Lily Rabe, une habitée de la série, dans l’Hôtel de la cinquième saison.

 

Aileen Wuornos - Biographie - Serial Killer

*Williams Rules : Les preuves relatives à d’autres crimes sont admises lors du procès si elles permettent de montrer une volonté récursive de tuer, et d’utiliser un mode opératoire répétitif et cohérent à chaque fois.

 

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